Le Loir-et-Cher à pied : entre histoire, diversité naturelle et petites merveilles

Le département, avec plus de 4 500 km de sentiers balisés (source : Loire Valley France), se classe parmi les territoires les plus riches du centre pour la randonnée. Autour de Seur, aux portes de la Sologne, du pays des châteaux et du vignoble de Cheverny, les itinéraires varient du cheminement familial à la boucle de découverte approfondie. C’est cette richesse discrète qui offre la promesse de balades à la rencontre d’une nature préservée, doublée d’un patrimoine parfois insoupçonné.

Sentier des Grands Chênes : balade sylvestre et panoramas secrets

Départ tout près de Seur, sur la route de Cellettes. Ce circuit de 10 km (environ 2 h 30 à 3 h) permet d’arpenter la vaste forêt domaniale de Russy, connue pour ses chênes plusieurs fois centenaires et classée « forêt de protection » depuis 2008 (ONF). Au fil de la boucle, plusieurs curiosités s’offrent au randonneur :

  • La butte du Chêne à la Vierge : point haut de la forêt, laissant entrevoir une vue dégagée sur la vallée du Beuvron.
  • L’ancienne voie romaine : encore visible par endroit, elle rappelait l’importance du Loir-et-Cher comme carrefour dès l’Antiquité. Des vestiges de pavés témoignent des passages marchands vers Blois.
  • La faune forestière : ici, sangliers, cerfs et pics verts cohabitent. En automne, le brame résonne entre les arbres, événement naturel impressionnant à observer dès l’aube, si l’on sait marcher discrètement.

Un conseil : emprunter ce circuit tôt le matin permet d’apprécier, dans la brume, le silence majestueux des grandes futaies où la lumière perce timidement.

La boucle des moulins de Cellettes : voyage sur les traces des meuniers

Moins connue mais tout aussi captivante, la boucle des moulins de Cellettes (8 km, 2 h) suit le Beuvron et plonge dans la petite histoire des meuniers du canton. On y croise :

  • Le moulin de l’Aunay : admirablement restauré, il produit encore de l’électricité pour quelques foyers voisins ; il se visite lors des journées du patrimoine.
  • Les maisons à colombages de Cellettes, témoins d’un savoir-faire local qui n’a pas totalement disparu.
  • Des ponts en pierre sèche, patterns typiques des petits ouvrages hydrauliques du Val de Loire côté Sologne.

Ce parcours est idéal au printemps, lorsque le Beuvron, regonflé par les pluies, nourrit les petites chutes. Un panneau explicatif en bordure du chemin détaille le fonctionnement du moulin à aubes, fréquent sur le Beuvron dès le XIII siècle (source : mairie de Cellettes).

Chemin des vignes de Cheverny : entre patrimoine viticole et panoramas douceurs

Les vins de Cheverny s’exportent, leur charme local persiste. Cette boucle au départ de Cheverny (à 6 km de Seur) traverse un labyrinthe de petites parcelles et longe un océan de ceps. Sur 12 km (3 h), elle combine marche et découverte du terroir :

  • Chais et caves troglodytes : certains vignerons ouvrent leurs portes en saison, parfait pour faire halte au frais lors des journées estivales.
  • Le château de Cheverny : visible depuis le sentier, il rappelle l’attachement de la région à la Loire et à la famille Hurault, grande lignée ligérienne.
  • Landes et haies bocagères : elles servent de refuge à une avifaune remarquable. Près de 180 espèces d’oiseaux nichent ou migrent dans la zone, d’après la LPO (LPO Loir-et-Cher).

Quelques fêtes viticoles animent régulièrement le parcours : n’hésitez pas à consulter le calendrier local car les vendanges en septembre donnent lieu à de belles rencontres gourmandes.

Le circuit de la pierre qui tourne : sentier d’anecdotes et de légendes

Entre Seur et Chitenay, ce sentier de 7 km tourne autour d’un mégalithe étrange baptisé « la pierre qui tourne ». La légende veut qu’elle pivote sur elle-même aux douze coups de minuit. Si la réalité est plus sage, la balade évoque tout le mystère des croyances rurales :

  • Le dolmen, témoin de la présence néolithique (daté d’environ 3500 av. J.-C.), figure sur la liste des Monuments historiques depuis 1889 (Ministère de la Culture).
  • Lavoir des fontaines et pont roman, étapes émouvantes qui racontent la vie quotidienne des anciens du village.
  • Flore singulière : orchidées sauvages au printemps et tapis de cyclamens à partir de septembre.

Ce sentier, très accessible avec des enfants, invite à la rêverie et à l’imaginaire – sur le chemin, plusieurs panneaux mettent en lumière les petites histoires associées aux pierres levées et aux traditions populaires des campagnes.

Randonnée sur les traces de la Loire sauvage : entre Candé-sur-Beuvron et Chaumont-sur-Loire

Pour ceux qui souhaitent pousser la balade, le GR 3 (premier chemin de Grande Randonnée créé en France, en 1947, FFRandonnée) passe non loin de Seur, reliant Candé-sur-Beuvron à Chaumont-sur-Loire. Sur ce tronçon phare (environ 15 km, 4 h), la marche alterne entre passages boisés, rives sablonneuses et plateaux agricoles :

  • Le confluent du Beuvron et de la Loire : site d’observation privilégié pour guetter balbuzards pêcheurs et castors (espèce réintroduite dès les années 1980).
  • Le port historique de Candé, où accostaient jadis gabares et chalands chargés de foin, de vin ou de grumes.
  • Parc du château de Chaumont-sur-Loire : exceptionnel en toute saison, particulièrement lors du Festival international des jardins.

Ce tronçon du GR 3 permet de longer un des derniers grands fleuves sauvages d’Europe – un paysage classé UNESCO, où la dynamique fluviale façonne encore les berges.

Conseils pratiques : randonner autour de Seur en toute sérénité

  • Quand randonner ? Mars à juin et septembre à novembre sont idéaux : les températures sont douces, les couleurs éclatantes, la faune plus active, l’affluence modérée.
  • Sur quel support trouver les itinéraires ? Le site officiel du Conseil départemental recense l’ensemble des fiches de randonnée balisées : www.rando41.fr. Les syndicats d’initiative proposent aussi des cartes gratuites ou à prix modique.
  • Signalétique et balisage : les parcours locaux empruntent souvent les balises jaunes (PR – Promenade et Randonnée) ou blanches/rouges (GR – Grande Randonnée).
  • Respect : le Loir-et-Cher est réputé pour sa faune fragile (martinet noir, engoulevent, chevreuil, loir, etc). Chien tenu en laisse hors des zones autorisées, et prudence en période de chasse (octobre à février, affichage obligatoire en forêt).
  • Patrimoine et rencontres : pour enrichir la balade, plusieurs guides conférenciers locaux proposent des visites commentées (châteaux, moulins, balades contées à la tombée du jour). À réserver en mairie ou auprès des offices de tourisme (Blois-Chambord Tourisme).
  • Accessibilité : la plupart des parcours proposés sont de difficulté facile à modérée ; certains sentiers cyclables sont aménagés et adaptés aux personnes à mobilité réduite en partenariat avec le Parc Naturel Régional de la Sologne.

Explorer autrement : pourquoi marcher ici laisse une empreinte particulière

Au-delà des nombres de kilomètres ou des paysages remarquables, partir sur les sentiers de Seur et ses environs, c’est s’ancrer dans une tradition locale du « prendre son temps ». C’est écouter le Beuvron fredonner, reconnaître les silhouettes des églises de village à l’horizon, croiser des pêcheurs ou discuter cinq minutes avec un viticulteur sur le chemin du chai. Ici, chaque pierre, chaque haie a son histoire, héritée d’une ruralité active et ouverte.

Que l’on vienne pour chercher le calme, la beauté, ou l’émotion d’un patrimoine discret, ces itinéraires, soigneusement entretenus et porteurs d’une mémoire collective, dessinent un autre visage du Loir-et-Cher. Il ne tient qu’à chacun de partir à leur rencontre, pour (re)découvrir qu’à deux pas de Seur, l’aventure commence souvent derrière le prochain bosquet, au détour des chemins oubliés.

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